Restaurant Deliciosta

[Marius Delamare]

Pendant qu'Elsa Altmann répondait à ses questions, Marius Delamare fut de plus en plus content en apprenant qu'Elsa partageait, comme lui, la passion du football, mais aussi l'intérêt envers la lecture et la musique. Marius Delamare écoutait ainsi avec très grande attention.

En réponse à Elsa Altmann, Marius Delamare prit la décision de répondre d'abord à sa propre question, tout en considérant la réponse d'Elsa Altmann

"Il est vrai que nos fonctions nous permettent de voyager de temps à autre. Ces voyages restent profesionnels, mais on peut s'accorder la visite d'un petit musée de temps à autre. De mon côté, je suis vraiment tombé amoureux du Saphyr et de Jaslandia, deux pays qui ont une richesse nationale.

Je suis en effet assez académique dans ma nature. Je suis plongé dans ce système assez jeune, du fait que j'ai décroché mon baccalauréat à l'âge de seize ans. Vous avez dû croiser l'homme que je considère comme mon mentor et ami, Henri Debré. C'est lui qui m'a offert un poste en 207, malheureusement pour lui, j'ai été élu député la même année. Mais excusez-moi Elsa, je m'égare.

Au-delà de la sphère politique, j'ai un amour profond pour deux disciplines : la science politique et l'histoire, en particulier l'histoire d'Ostaria. Chaque région a une richesse historique qui mérite d'être visitée, conservée et préservée. Pour ce qui est des passions plus communes, je partage avec vous la lecture et la musique, ma préférence étant la musique classique. De plus, je suis un amateur de marche à pied. Il y a tellement de beauté dans notre pays, et marcher à travers nos régions reculées est l'une des expériences les plus enrichissantes."

Après un léger silence, Marius Delamare reprit la parole avec assurance.

"Elsa, si vous me le permettez, j'aimerais vous connaître un peu plus. Vous savez, je connais la Elsa Altmann qui défend sa vision politique, celle qui travaille ardemment pour la Primature et à l'Assemblée Nationale, celle qui prend le temps de rencontrer les différentes forces politiques. Mais malgré vos quelques prises de parole sur la Elsa Altmann d'Irosque, je ne connais rien de vous. D'où vous vient cette rigueur politique et cette assiduité au travail ?

Constatant que son intervention pouvait se montrer un peu trop direct, il tenta de rectifier le tir avant même qu'Elsa Altmann puisse répondre.

Pardonnez-moi Elsa pour ces paroles directes. Je ne cherche pas à vous faire peur avec ces multitudes de questions. Je veux simplement en connaître plus sur la personne qui se trouve élégamment assise devant moi.

[Elsa Altmann]

Elsa écouta donc avec attention le récit du député de l’Alternative, son regard dérivant de temps à autres vers le ballet des serveurs qui ne tarda d’ailleurs pas à apporter aux deux élus de la République d’un monarchique cérémonial leurs entrées. La Première ministre put donc commencer à déguster son plat en acquiesçant de temps à autre en signe d’attention les paroles de Marius. Lui servant à la fin de ses paroles sur l’université un léger sourire, elle répondit avec amusement:

En effet, je n’ai pas autant enseigné que vous ou Monsieur Debré a l’Université, étant d’abord avocate avant d’être enseignante, puis ministre, comme je m’en doute vous et l’Alternative avez dû le regretter ! Plus sérieusement j’ai un excellent souvenir de monsieur Debré, en tout cas en tant qu’académiciens: par manque de rencontres informelles, je ne me permettais pas de m’étendre sur l’homme en lui même. Mais je vous rejoins sur l’aspect passionnant de l’histoire ostarienne: la seule chose que je reprocherais aux historiens de notre pays, c’est de ne pas assez se préoccuper de la valeur de leurs enseignements dans le monde contemporain: voilà pourquoi je me suis dirigée plus jeune vers le droit et la science politique. Néanmoins nous sommes tous les résultats de processus historiques et de choix individuels marquants, et il serait idiot pour tout responsable politique digne de ce nom de ne connaître au moins une base de son Histoire. Sauf j’en conviendrais pour notre ami Michel Radis, lui qui semble avoir son propre roman national…

Pouffant de sa propre plaisanterie dans une arrogance toute edouardienne que lui avait transmise son hyper président de mentor, Elsa profita que Marius ne reprenne la parole pour achever son entrée, à la hauteur de la réputation de l’établissement, bien plus que de celle de certains de ses précédents convives. Rougissant a ses dernières paroles, elle partit quelques instants songeuses, avant de répondre d’une voix songeuse:

La Elsa Altmann d’Irosque ? C’est une vaste question, tant elle se confond avec la première depuis une bonne dizaine d’années, mais tel est le lot des hommes et des femmes d’État… Néanmoins, si vous voulez jouez à un tel jeu, jouons: posez moi les questions que vous désirez pour mieux me connaître, et je répondrais avec autant de précision que mes connaissances sur moi même, si toutefois vous me rendez la pareille en répondant aux miennes… Marius.
D’où vient cette rigueur du travail ? Je suppose d’une assiduité imposée des l’enfance: mon père était un violoniste renommé localement à Cavour, et un vrai bourreau de travail, bien plus droit et juste dans sa vie professionnelle que personnelle, mais passons. Bref, si vous grandissez avec des parents à cheval sur la discipline et la rigueur, et que vous enchaînez avec un cursus en droit et une éducation à ses austères méthodes, je suppose que la réponse est assez naturelle et un peu banale. Mais j’espère que rigoureuse ne sera confond pas avec ennuyeuse !

[Marius Delamare]

Laissant échapper un petit rire discret à la blague d'Elsa Altmann sur Michel Radis, Marius Delamare écouta avec attention la réponse de cette dernière au sujet de son enfance.

Évidemment que non. La rigueur ne doit pas être confondue avec l'ennui. Sachez par ailleurs Elsa, que vous seriez la dernière à m'ennuyer.
Sinon, je peux moi aussi vous raconter quelques bribes de mon enfance. Mon père était fonctionnaire d'État, il nous a malheureusement quitté il y a quelques années à cause d'un cancer, mais c'est mon père qui m'a aidé à devenir qui je suis. Il m'a toujours soutenu, peu importe mes choix. Et très honnêtement, je ne peux pas dire que j'ai eu une enfance difficile, bien au contraire. J'ai reçu l'amour de mes parents, j'ai toujours été proche de mon père et je n'ai jamais été battu ou autre.

Suite à sa dernière déclaration, Marius Delamare se dépêcha de manger, avec élégance, la fin de son entrée pour être au même stade qu'Elsa Altmann.

[Elsa Altmann]

Vous savez, Marius, je crois que les histoires n’ont pas besoin d’être dures ou tristes pour être marquantes. Vous semblez un homme de valeur, et si votre éducation vous a forgé ainsi, c’est une véritable chance: je préfère largement vous entendre me décrire une enfance heureuse et des parents aimants et inspirants pour vous ! Mais n’hésitez pas, si vous avez d’autres questions, je suis sur qu’elles entraîneront cette conversation sur des sentiers passionants !

Elsa avait profité de la réponse de son interlocuteur pour reprendre une gorgée de vin, et remercier d’un signe de tête le serveur venu reprendre d’un geste élégant les deux assiettes, avec cet air de superbe austère qui donnait son charme au service du restaurant. Elle focalisa ensuite de nouveau son regard sur le député de l’Alternative, attendant avec amusement sa réponse.

HRP: Attention les enfants, l’abus d’alcool et de mièvrerie peuvent vous faire parler comme un personnage d’une mauvaise pièce du XVIIIeme siècle