Depuis quelques mois, la Place des Étoiles à Lunont se préparait pour un événement qui allait encore une fois marquer son histoire . Les premières lueurs du jour baignaient la place depuis le matin, projetant une lueur douce sur les pavés et les vestiges architecturaux d'une époque révolue depuis plus de 100 ans. Un subtil murmure d'anticipation flottait dans l'air.
Des émissaires du Parti Delfrous (les quelques fidèles qui restaient) s'activaient, ajustent les derniers détails du "meeting" déclarée en préfecture. Des drapeaux aux couleurs de l'ancienne monarchie des Delfrous étaient soigneusement hissés, ajoutant une touche de splendeur à ce lieu qui avait été le témoin de tant de célébrations grandioses. Des membres de la noblesse survivante, de la monarchie delfrous mais aussi de l'ancien régime, vêtus de tenues qui mêlaient l'élégance d'antan à la sobriété moderne, avaient répondu à l'appel de leur ancien maître et se mêlaient aux curieux et touristes venus assister à l'événement sans trop comprendre ce qui se préparait.
L'atmosphère était teintée d'une curiosité respectueuse alors que la nouvelle se répandait dans la foule. Des murmures circulaient sur la venue du Prince Albert Delfrous, héritier d'une lignée jadis couronnée par le sang. Les regards se tournaient vers l'entrée de la place, scrutant l'horizon pour la première apparition publique d'un membre de la famille Delfrous depuis des années.
Soudain, une fanfare discrète retentit, annonçant l'arrivée du Prince Albert. Des gardes du corps, portant l'emblème des Delfrous, défilaient en formation précise, créant un passage au milieu de la foule pour le cortège de voitures entourant la voiture de Delfrous.
Le Prince Albert Delfrous émergea, vêtu avec une élégance qui semblait un mariage entre la dignité royale et l'orgueil Delfroussien . Un silence respectueux s'abattit sur la place alors que le prince, flanqué de quelques conseillers proches, s'avançait vers le podium dressé au centre.
Son regard, mélange de détermination et de nostalgie, balaya l'assemblée. Les nobles inclinés légèrement la tête sur son passage reconnaissant l'héritage qui les unissait, ils furent rapidement imités par les touristes et d'autres personnes pris dans l'effet de masse, bien que certains sifflets retentir ainsi que des "Vive la République", ce qui n'empêcha pas le prince de prendre la parole.
"Compatriotes ostariens, nobles héritiers de notre noblesse, et membres dévoués du Parti Delfrous," débuta-t-il, sa voix portée par l'amphithéâtre naturel de la place.
Le protocole dictait chaque geste, chaque mot, créant une mise en scène solennelle et pourtant empreinte d'un espoir résonnant. Les drapeaux ondulaient doucement, répondant à la brise matinale d'octobre.
"Aujourd'hui, en ce lieu chargé d'histoire, je me tiens devant vous pour discuter du destin d'Ostaria, notre nation bien-aimée. Depuis que les fondations de la monarchie ont été ébranlées en l'an 160 avec la déposition injuste et honteuse de mon père du trône d'Ostaria par le traitre Jerome Plassel, nous avons traversé une ère d'essais et de promesses non tenues."
Les rayons du soleil matinal accentuaient les contours de son visage, ajoutant une aura presque prophétique à ses paroles pourtant empreintes de trahison envers les institutions républicaines.
"La République a eu ses mérites, mais elle n'a pas répondu aux attentes du peuple. Nous avons vu des querelles politiques déchirer notre tissu social, des divisions émergées parmi nos concitoyens et une inaction persistante face aux défis cruciaux, l'exemple le plus probant étant cette calamiteuse campagne générale."
Sa déclaration résonnait, non seulement comme une critique, mais aussi comme un appel à l'action, un appel à restaurer ce qui était perdu.
"Aujourd'hui, je ne peux rester silencieux devant cette stagnation. Si ma sœur, la prétendante au trône, reste dans l'ombre, je ne peux rester inactif. Nous avons besoin d'une direction claire, d'une vision audacieuse pour notre avenir commun.
Le peuple ostarien mérite plus que des promesses vides et des luttes politiques sans fin. Nous avons besoin d'une unité qui transcende les lignes tracées par la politique. Nous avons besoin d'un leader qui porte l'héritage de cette nation avec respect et responsabilité."
Les mots du prince résonnaient, non seulement comme un appel à la restauration de la monarchie, mais aussi comme un appel à l'unité dans une Ostaria divisée par ses propres contradictions depuis plusieurs décennies.
"Ainsi, aujourd'hui devant vous, devant les caméras du monde entier et devant mon peuple chéri, je me déclare premier défenseur d'Ostaria et prétendant actif et officiel au trône. Mon engagement ne se limite pas aux paroles, mais à des actions concrètes visant à restaurer la grandeur qui est notre héritage commun je vous l'assure.
Cette déclaration n'est pas motivée par la nostalgie, mais par la conviction qu'Ostaria mérite un leadership éclairé et un avenir plus prometteur. J'appelle tous ceux qui partagent cette vision à se joindre à moi, car ensemble, nous pourrons forger un avenir digne de notre histoire."
Les premiers applaudissements retentirent timidement nourris de l'espoir que le prince incarnait, prince qui retourna dans son véhicule afin de quitter les lieux avec quelque révérence à son égard, mais aussi des insultes, les échos de cette déclaration audacieuse se répandraient à travers les rues de Lunont, et ne tarderaient pas à faire le tour du globe porté par la voix d'un prince qui avait décidé de défier le cours du temps et la République.