Ostariens, Ostariennes, je ne m'étais pas encore exprimée sur les événements récents et l'impasse politique dans laquelle nous nous trouvions : en effet, votre appel à l'Union Nationale avait été entendu et c'est pourquoi j'avais entamé au nom de l'Union des Gauches et de l'URS une négociation en vue de former avec l'Alternative un gouvernement d'union nationale. Malheureusement et vous l'aurez sans doute compris en voyant le dernier chirp de monsieur Delamare, ces négociations ont échoué : préférant se mettre en valeur en mettant en déroute ses oppositions en nous imposant un dilemme insoluble, ce parti officiellement centriste a une nouvelle fois prouvé son sectarisme et son incapacité à voir plus loin que les stériles batailles politiques.
Depuis des années, chaque camp se déchire en tombant de ce fait dans un sectarisme incompatible avec les nouvelles normes imposées par la proportionnelle intégrale : la culture du compromis, la quête d'une unification du pays ne sont malheureusement pas les priorités d'un camp que nous aurions pourtant pu accepter de voir diriger un potentiel gouvernement transpartisan. Transpartisan : voici ce qui doit justement dicter l'action d'une telle forme d'exécutif, un gouvernement acceptant de mettre de côté ses clivages pour se concentrer sur des propositions précises unificatrices et visant à contrecarrer la menace d'une tension politique risquant de basculer dans une violence factieuse. Nos valeurs sont claires, celles libérales et parfois mêmes conservatrices de l'Alternative le sont également ; celles parfois traditionnalistes de l'ADN forment également un corpus à priori en opposition aux nôtres, mais nous devrions pourtant parvenir à nous entendre sur des valeurs républicaines qui nous ont de tout temps permis de vaincre la menace obscurantiste.
Oui, tous ces partis sont des partis républicains ; des partis qui adhèrent à une certaine vision de l'Etat-nation, souhaitant défendre le débat démocratique, la vitalité parlementaire et la défense absolue de nos libertés fondamentales. Figure constitutionnelle, tous ces partis tiennent à rigoureusement faire respecter les Droits de l'Homme ; c'est je le crois autour de ces ensembles de valeur, pour redynamiser notre vie politique et mettre fin aux violences de la rue que nous aurions du nous allier. Pourtant, les mots furent clairs : l'Alternative n'acceptera aucune ligne autre que celle du centre-droit, de "la libéralisation de l'économie et de la fin de l'immigration illégale".
Cette vision unilatérale et totalement idéologique d'un camp est absolument incompatible avec une union dépassant les clivages ! Evidemment, jamais la gauche n'acceptera de s'unir autour d'un camp qui ferait de l'étranger la figure de la division de notre pays, et nous ne pourrons participer à un gouvernement qui assumerait détruire notre modèle d'Etat providence et de système social. Ce n'est ni comme ca que nous rassemblerons le pays, et ce n'est pas comme cela que nous mettrons temporairement de côté nos divergences pour résoudre une crise institutionnelle terrible.
Alors maintenant, que vous dire ? Aux électeurs et électrices de gauche tout d'abord, nous ne vous abandonnerons pas sur l'autel de l'union nationale. Une prise en otage idéologique n'est pas un rassemblement ; un dilemme factice posé entre un reniement de nos valeurs ou une diabolisation ne doit pas être toléré. Ne tombez pas dans le piège de ce camp ; un autre chemin est possible, une véritable union nationale autour des valeurs citées précédemment qui mettrait de côté nos clivages sur quelques mesures, une vision stricte de la défense de la République venant de ce fait s'attaquer à tous les camps factieux ou obscurantistes.
J'en appelle à l'ensemble des forces de notre pays, de gauche comme de droite ; ne tombez pas dans le piège de l'Alternative, il est encore temps de nous unir sans coloration politique, en tournant définitivement la page des erreurs du passé. Je le dis à la Maison Commune, à l'ADN mais également à l'Alternative qui peut encore retrouver la raison : vous êtes les bienvenus, ne décevez pas une partie non négligeable de la population en effectuant un énième gouvernement instable de droite. Changeons les codes, soyons transgressifs.