Le syndicat patronal me demande des explications sur ma loi et mes positions, j'ai décidé d'y répondre.
Avant de commencer j'aimerais souligner que j'ai été abasourdi par l'irrespect total des règles élémentaires de grammaire, de conjugaison, d'accord et d'orthographe dans le communiqué d'un syndicat de ce rang.
Sur le premier point, il est très clair. Toutes les entreprises voulant délocaliser devront le signaler et l'état choisira ou non d'agir. En somme, il décidera ou bien d'intervenir que ce soit pour faciliter ou empêcher la délocalisation, ou bien il ne fera rien et laissera l'entreprise délocaliser ses moyens de production. Il n'y a pas grand chose à comprendre sinon ce qu'il est écrit dans le texte de loi.
Sur le second point, je n'en ai pas cru mes yeux lorsque j'ai lu la déclaration du syndicat. En dénonçant ma décision qui permettrait aux travailleurs de posséder le capital de l'entreprise mettait en lumière le premier mensonge patronal et ridiculisait le syndicat. Le mensonge, c'est que posséder le capital, c'est posséder la gestion de l'entreprise. C'est faux : les possesseurs du capital peuvent participer à un conseil des actionnaires, si l'entreprise le leur permet, mais il ne s'agit en aucun cas de prendre la place des gestionnaires et des secrétaires qui gèrent l'entreprise. En remettant le pouvoir aux travailleurs, d'une part, il n'est pas remis qu'à des ouvriers et ouvrières qui savent faire fonctionner les machines, mais aussi aux cadres qui s'y connaissent en gestion, d'autre part, il leur est permis de s'auto-organiser ou se de choisir leur fonctionnement et cela démocratise la vie de l'entreprise.
Le mensonge véhiculé par l'USEO, c'est que seuls des ouvriers et ouvrières arriérées posséderaient les pleins pouvoirs dans l'usine. C'est une vision caricaturale issue d'un monde désuet. Nous ne sommes plus au temps de la révolution industrielle et je crois que les mentalités ont changé, du moins, toutes sauf celles de l'USEO.
Enfin, celui-ci se couvre de ridicule. Car lorsqu'il accuse les travailleurs de ne connaître rien en gestion -alors que l'usine contient des gestionnaires- celui-ci prouve qu'il ne connaît rien à la syntaxe et à l'écriture de notre langue ; et qu'il est incapable de préciser le fonctionnement d'une entreprise, le rôle des actionnaires et la composition professionnelle d'une usine. De là, je considère que les ouvriers les moins qualifiés de l'usine de Cantrac sont plus qualifiés que les dirigeants de l'USEO pour ce qui est du monde professionnel et de la maîtrise de notre langue.
Je condamne les mensonges de ce syndicat qui n'a aucune connaissance du monde ouvrier et industriel et ignore comment la production s'organise. Ces starts-upeurs et autres entrepreneurs à distance devraient plutôt s'intéresser à la condition réelle des travailleurs plutôt que de se couvrir de ridicule en communiquant les premières idées infantiles qui leur passent par la tête.
J'ajouterai enfin, contre les accusations de xénophobie, qu'il ne faut pas prendre à la légère, de ce syndicat puéril, j'ajouterai que je me bats contre la désindustrialisation, contre le chômage, contre le désemploi et les délocalisations, contre le dumping social, je ne me bats pas pour que les dirigeants d'entreprises soient ostariens en particulier. Je me bats pour que les outils de production soient aux mains des travailleurs qui les utilisent, cela implique de travailler au niveau local et donc de lutter contre la mondialisation, contre le fait que des patrons possèdent des outils de production et des ouvriers à travers le monde. Cela implique que les usines sur notre sol soient gérées par des gens vivant sur notre sol, mais cela n'est en rien motivé par la xénophobie ou l'opportunisme.
J'appelle le syndicat s'il veut regagner sa dignité et son sérieux, à changer de direction nationale pour avoir à sa tête des gens qui savent écrire deux lignes sans commettre trois fautes et qui ont une réelle connaissance du monde professionnel qui les entoure au de-là de leurs intérêts directs et privés. Au de-là d'un aveuglement sans borne qui les empêche de considérer et d'analyser la situation actuelle telle qu'elle est, et non telle qu'ils se l'imaginent.