par Camille Bertelat pour Lutte Animée
Camille Bertelat : Aujourd'hui, j'interviewe Erope Pendra, député RSE, candidat aux municipales pour Lunont qui depuis sa défaite n'a quasiment pas communiqué, ni pour expliquer ou justifier son échec, ni pour relancer l'action écosocialiste aux présidentielles. Bonjour monsieur Pendra.
Erope Pendra : Bonjour Madame Bertelat.
Bertelat : Comme je viens de le dire, avec cette interview vous sortez d'un long silence. Pourquoi ce silence ?
Pendra : Un point sur le contexte me paraît essentiel. L'échec de ma candidature à Lunont n'en est pas un pour moi personnellement mais une pour la liste que j'ai mené durant la campagne des municipales. Quand les résultats sont tombés, je me souviens c'était au siège USE de Lunont, nous nous sommes tous regardés, vides d'espoir. Nous ne comprenions pas ce qui n'avait pas fonctionné. La campagne nous avait pris énormément de temps dans nos vies personnelles, l'implication avait été très lourde pour nous tous. Une seule chose résonnait dans nos têtes, nous avions perdu face à la Droite, face au MUR qui a très peu agi au niveau municipal. L'incompréhension nous saisissait tous. Puis vint très vite la démission de Mme Bonneau avec qui j'ai eu la chance de travailler. Ce qui a engendrait ma nomination à la tête du RSE et à celle de la fonction officieuse de Chef de l'Opposition à l'Assemblée nationale. Une charge importante de travail vous l'aurez compris en plus de celle que m'incombait déjà la présidence de la FOS (ex-COJE).
Un grand silence, pourquoi ? Et bien grand silence car j'ai voulu durant cette campagne, jouer un rôle d'observateur, de conseiller. M'observer moi, mais aussi le déroulé de la campagne. Me conseiller moi, mais aussi mes alliés politiques tels que M.Chastain et M.Lavaud dont je soutiens leur candidature commune. Examiner et analyser nos échecs, pour nous rendre plus fort. Un grand silence donc motivé par une volonté de retrait du monde politique mais aussi par la volonté d'observer, de comprendre et de conseiller.
Bertelat : Et vous êtes de retour ! J'imagine que vous brisez ce silence pour faire part de votre réflexion, ou bien est-ce pour vous réinvestir en politique en tenant compte de vos observations ?
Erope Pendra : Un retour, oui mais modéré. Je mettrais mes observations et analyses au service des idéologies qui ont un vrai sens pour moi, celle de la Gauche. Ce retour modéré implique donc quelques modifications dans mes responsabilités. C'est pourquoi à la fin de la mandature présidentielle actuelle, je quitterais la Présidence du Rassemblement des Socialistes et des Écologistes pour me recentrer sur des objectifs nouveaux. À savoir ; me mettre au service des idéologies de la Gauche ainsi que reprendre à plein temps la présidence de la FOS.
Pour autant je ne quitterais pas le parti et je serais toujours engagé dans le monde politique, au nom de la Gauche Ostarienne. Pas celle des opportunistes mais celle qui agit vraiment, qui a un vrai projet de société innovateur. Celle que représente aujourd'hui la candidature commune de l'Union de la Gauche formé par ces Messieurs Chastain et Lavaud.
Bertelat : Vous vous posez donc en partisan de l'Union de la Gauche qui a subi beaucoup de critiques au départ, pensez-vous qu'elle ait obtenu sa légitimité après les municipales et que pensez-vous faire au sein de cette Union ?
Pendra :Vous faites écho en parlant de critique, aux nombreux dissidents du RSE qui ont refusé l'alliance avec le PCO (ex-MAP). Moi même, j'y étais personnellement opposé au départ. Mais j'ai vu en cette Union, la véritable voix du peuple, celle de tous les oppressé(e)s par le système actuel.
L'Union a, pour ma part, acquis une véritable force durant la campagne des municipales, celle de l'échec. Parce que, oui, l'échec est une force. Il permet, quand on le comprend, de se relever plus fort et plus motivé que jamais. C'est de cet échec, qu'elle repart aujourd'hui, forte et prête à défendre les intérêts du peuple comme ses composantes l'on toujours fait et continuerons de le faire. Aujourd'hui, elle acquit par son histoire sa légitimité.
Quant à mon implication au sein de l'Union, elle sera à la hauteur de mes nouveaux objectifs qui seront comme je vous l'ai dit le conseil et l'analyse. Je serai également présent sur la scène politique au côtés de mes alliés, mais de façon modérée. Préférant par là, me retirer pour mieux conseiller et porter un vrai regard d'observateur et d'analyste.
Bertelat : Vous parlez de développer votre analyse du monde au vu de vos observations. Est-ce que vous allez relancer une idéologie en Ostaria ? Une idéologie qui a manque peut-être à la gauche écosocialiste ?
Pendra : Vous avez bon œil Madame Bertelat. La FOS, qui comme vous le savez est la nouvelle dénomination du COJE, n'est pas la par hasard. Observer plutôt la signification de son acronyme : Fédération Ostarienne du Scoutisme. Voilà l'idéologie nouvelle que je compte développer avec mes collègues de la Fédération. Le Scoutisme.
Bertelat : Pouvez-vous nous en dire plus sur le Scoutisme ? Quel est l'héritage de cette idéologie, quels seront ses fondements ?
Pendra : Le Scoutisme s'inspirera des nombreuses idéologies de la Gauche, notamment l'écologisme qui est très importante dans la vie du mouvement puisque c'est de celle-ci qu'avec mon ami Archibald Hensel, qui occupe aujourd'hui un poste de Ministre au Gouvernement Saphyrien, nous avons fondé le COJE. Il n'y a donc pas d'héritage à proprement parlé, mais des inspirations. Celle des idées de la Gauche.
Je vous informe d'ailleurs que la FOS publiera dans quelques temps un plaidoyer à propos du Scoutisme où son essence même y sera expliqué.
Bertelat : Puisque vous êtes de retour, même modérément, sur la scène politique, parlons actualité. Ou plutôt parlez actualité. Quel fait récent, vous a marqué dernièrement et comment vous a-t-il fait réagir ?
Pendra : Un fait récent qui m'a marqué c'est le nombre de candidatures qui se sont présentés aux présidentielles. Je trouve que c'est une chose absolument formidable que différentes opinions politiques puissent être représentées dans notre débat public. Il en est de même de sa santé. Un débat où une multitude d'opinions s'expriment, sont représentées, est un débat en bonne santé. Ces nouvelles personnalités apportent un renouveau au paysage politique ostarien et c'est tout à fait appréciable.
Bertelat : En parlant de ces candidatures, nous avons vu émergé une personnalité écologiste qui reproche à tous les autres candidats un manque cruel de valeurs et d'actions pour la Nature. Monsieur Coquelin. Qu'en pensez-vous, vous dont l'engagement écologique n'est plus à prouver ?
Pendra : Et bien voyez vous quand je parlais tout à l'heure des fameux opportunistes de gauche, je qualifierai ce Monsieur Coquelin ainsi. Ce n'est pas en jouant aux jeux des reproches que les idéologies de l'écologisme avancerons et rentreront dans les consciences. En l'état actuel des choses, la gauche ne peut rien faire sur le plan écologique. J'avais justement interrogé le Gouvernement à propos du fameux Conseil Écologique dont on ne trouve dans les textes aucune nomination. M. de Brétigny avait promis une nomination, elle n'a pas été réalisée. Donc en clair, critiquer c'est bien mais ça ne marche pas. Il faut convaincre, donner des exemples, montrer la réalité des faits ! Coquelin en critiquant ainsi fait pour moi, figure d'opportuniste. Et je ne construits pas l'avenir avec ces genres de personnes là.
Bertelat : Venons en à un dossier sur lequel le monde entier a l'habitude d'attendre la gauche et les écologistes au tournant : l'économie. Vous êtes plutôt économie verte ou décroissance ?
Pendra : Décroissance. L'économie verte est une opération marketing du capitalisme pour se faire bien voir. Encore des opportunistes. Il faut faire le choix entre trois avenirs aujourd'hui, la négation du changement climatique qui nous mènera tout droit dans le mur, développer notre technologie rapidement et cela sans plus attendre pour pouvoir se débarrasser des problèmes écologiques mais faire le choix de vivre comme des rois fous et aveugles, ou faire le choix direct de changer radicalement tout ! Que ce soit nos vies, nos modes de transport, nos modes de communication.
La décroissance va dans le sens du dernier choix, celui que je soutiens depuis toujours et que j'applique dans ma vie personnelle. Ce sera d'ailleurs un des fondements du Scoutisme.
Bertelat : On accuse souvent les gens de votre idéologie d'être utopistes et surtout pessimistes face au pouvoir technologique que vous sous-estimerez. Que répondez-vous à ces gens-là ? Assumez-vous un certain utopisme ou pensez-vous au contraire que l'utopisme c'est celui de ces gens-là ?
Pendra : La technologie est quelque chose de tout à fait exceptionnelle et indispensable. Cependant il faut savoir la maîtriser et notamment dans ses modes de fonctionnement et ses utilisations. Croire au pouvoir technologique est une forme d'utopisme. Notre idéologie en a une aussi. Voyez, l'utopisme a toujours dans l'histoire de l'humanité, permis de grands bonds en avant. Ce n'est pas quelque chose de mal. C'est quelque chose qui nous touche tous, on a tous en nous une part d'utopisme qui nous fait rêver, qui nous fait espérer, qui nous maintient à cette vie. Tout le monde est utopiste, eux comme nous, selon différentes manières bien sûr. L'utopie est une qualité humaine.
Je suis favorable à un développement de la technologie dans de bonnes conditions et dont l'utilisation est raisonnée et réfléchie. Les Humains peuvent être biens mieux que des rois fous et aveugles, avides de technologies qui les rendent chaque jour plus dépendants.
Bertelat : Parlons maintenant d'un autre point qui fait souvent débat dans l'écologisme. Le nucléaire. Les centrales ne produisent aucun CO2 mais il existe un risque de contamination et d'incidents nucléaires. Est-ce pour vous une solution à utiliser avec parcimonie ou plutôt une invention irresponsable, satisfaisante à court terme mais incontrôlable à long terme ?
Pendra : Le nucléaire est en effet un thème qui fait débat au sein de l'écologisme mais aussi au sein de notre société. Le Nucléaire est pour moi en l'état actuel des choses, dangereux. Cependant, je ne sais pas si vous lisez les revues journalistiques et notamment le "Science Nature". Ils ont fait paraître, il y a peu, une étude sur le développement du nucléaire et des techniques qui permettraient de le rendre moins dangereux mais aussi plus neutre en émission de déchets.
Ce qui me prouve une chose c'est que le nucléaire est quelque chose à ne pas jeter complètement mais à améliorer de façon radicale. C'est la seule source d'énergie qui ne produit pas de CO2.
Ce n'est pas une invention irresponsable mais quelque chose qui doit être amélioré et combiné aux développements de technologies réfléchies comme je l'ai dit précédemment. L'écologisme, ce n'est pas retourné au temps des Âges obscures ! C'est progresser en changeant notre manière de vivre et d'inclure dans nos réflexions technologiques les questions environnementales.
Bertelat : Avant de conclure cette interview, j'aimerais vous poser une dernière question. Dans l'optique d'une victoire de la Gauche, seriez-vous prêt à prendre une fonction de Ministre de l'Ecologie si on vous la proposait ?
Pendra : Oui assurément. Ce serait un honneur de pouvoir occuper cette fonction et de pouvoir enfin commencer à agir à plus grande échelle.
Bertelat : Cette interview touche à sa fin, merci Monsieur Pendra, avez-vous une dernière chose à dire ?
Pendra : Je n'ai rien d'autre à ajouter. Ce fut un plaisir d'avoir pu vous donner cette interview.