L'Œil
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« Je ne veux pas qu'ils votent pour moi, je veux qu'ils votent pour eux. »
Interview de candidature d'Antoine Baudet
6 avril 200, Nathanaël Ledoux.
Nathanaël Ledoux : Bonjour, Antoine Baudet, et merci d'avoir accepté cette invitation. Vous êtes secrétaire général de Kosmostaria et candidat à l'élection présidentielle. Pourquoi vous présentez-vous devant les Ostariens ?
Antoine Baudet : Bonjour, d'abord je vous remercie de m'avoir invité.
Je dois vous dire que je ne me présente pas devant les Ostariens.
Un Président ce n'est pas un paquet de lessive que l'on expose et que l'électeur choisit.
C'est un dialogue qui s'ouvre entre les Ostariens et moi-même. Un dialogue que je veux constructif afin que le 8 avril, nous ayons un projet pour notre pays et un Président capable de le porter. Ce dialogue d'une nature tout à fait particulière, ça fait longtemps que je l'attendais. Si j'y participe c'est parce qu'il a manqué une gauche républicaine, sincère et populaire à Ostaria durant tant d'années que s'est installé dans notre pays, un renoncement au progrès, au développement et aux lendemains qui chantent. Je souhaite incarner cet espoir et en faire un thème central de cette campagne. Je ne souhaite pas être le candidat de l'austérité, de la tristesse, de la récession sociale ; les injustices et les inégalités qui se sont développées, l'affaiblissement du patriotisme républicain au détriment d'un nationalisme étroit, sont autant de souffrances pour notre peuple qui les subisse au quotidien. Je ne veux plus voir l'État reculer face aux intérêts privés des puissances de l'argent, ostarienne ou étrangère.
J'entends que dans notre pays, des voix s'élèvent et des voix se taisent, et ces voix sonores ou tues portent en elles les mêmes douleurs, qui se répercuteront en votes de dépit, en votes de colère ou en abstention. Si je prends part au dialogue qui s'ouvre aujourd'hui, c'est pour dire aux dépités qu'il y a des candidats du progrès, dire aux révoltés que leur vote de colère peut devenir un vote d'espoir, aux abstentionnistes qu'il ne faut pas laisser à celles et ceux qui les maltraitent le soin de leur imposer des politiques encore plus défavorables.
Si je participe à ce dialogue présidentiel, c'est pour réconcilier une Ostaria que trop de candidats ont oublié.
NL : Quel bilan tirez-vous du mandat d'Aya Leclerc ?
AB : Madame Leclerc a été élue le 16 septembre 193, n'est-ce pas. Quelles ont été ses premières mesures ? Des lois de clarification et de modernisation juridique. Ce fut un travail honorable concernant le Code électoral, le non-cumul de mandats électifs et de direction d'entreprise, le Service Civil ou le Code des collectivités territoriales. Les camarades de Madame Leclerc, puisque ce n'est pas elle qui a rédigé les lois, mais ses partisans au gouvernement. Il y a eu le rabibochage avec le Saphyr, je ne le réprouve pas. Puis ça a commencé à se gâter car les partisans de l'Alternative sont de bons écrivains publics, ils savent remettre en ordre des législations d'une forme peu claire, mais ce ne sont pas de bons législateurs.
D'abord, nous avons eu des concessions communautaires pour satisfaire des communautés hostiles aux principes républicains et sociaux. La réforme de l'éducation d'abord, qui a fait reculer l'enseignement face aux religions, permis à des employeurs de recruter des enfants et de les priver d'enseignement, et supprimé les dispositions contre les violences envers les élèves et le personnel éducatif ; en faveur cependant d'une disposition en pour l'accès aux élèves handicapés, qui est une avancée que j'approuve. À l'avenir, j'imagine qu'un gouvernement devra revenir sur les compromissions qui ont offert l'école aux cléricaux, aux patrons et aux agresseurs en renforçant les acquis en matière d'inclusion, pour faire revenir pleinement la République dans son école.
Le retour de l'union civile républicaine s'est également faite mal. On a institué un contrat d'engagement qui ne protège pas des violences intrafamiliales. Une femme battue ne peut dissoudre son union qu'après un passage au tribunal et si le Juge estime qu'être violentée est un manquement aux devoirs conjugaux, qui ne prennent pas du tout en compte cette dimension. Je comprends l'attachement de nos concitoyens à une union civile et républicaine, je comprends la volonté de la dissoudre pour permettre l'émancipation des femmes qui sont bien souvent rendues dépendantes d'un mari violent par ces contrats d'union. J'estime que la manière dont a été rétablie l'union civile est une erreur et cause plus de torts qu'elle n'apporte de bienfaits. Ce fut une concession communautaire aux conservateurs et réactionnaires qui voient la famille comme une bulle privée où toutes les violences peuvent se déchaîner. Ce n'est pas ma conception de la République.
La dernière concession aux communautés anti-républicaines fut celle de réforme de la nationalité et de l'immigration. En imposant des conditions injustes aux étrangers souhaitant intégrer la communauté nationale une et indivisible, en leur supprimant les aides sociales et la protection sociale nécessaire à une vie digne, les politiciens de l'Alternative ont fait d'importants clins d'œil à l'extrême-droite. La carte d'identité à été étendue aux enfants qui sont obligés désormais d'en avoir une. Je ne suis pas favorable à la nécessité d'identifier les enfants qui nuit aux mineurs, notamment aux mineurs immigrés qui peuvent être identifiés comme tels et faire l'objet d'expulsions. Les enfants sur le territoire ostarien, sont nos enfants à tous, à toutes. Les contraindre à l'identification c'est ouvrir la possibilité de leur faire subir des traitements inhumains. Dont l'expulsion du territoire, que je ne défends pour personne.
Ensuite, nous avons eu les concessions aux patrons, ostariens, mais aussi étrangers. La réforme du travail fut un désastre à bien des égards, je ne vais pas pouvoir revenir sur toutes les régressions sociales qu'elle a provoqué. Les contrats conditionnels qui ont aggravé la précarité des travailleurs indépendants, les ruptures conventionnelles qui permettent à des employeurs de faire pression sur des employés pour les licencier à moindre coût, les journées de travail rallongées, le salaire réduit, la baisse des congés payés, etc. La réforme des retraites a continué de casser le modèle social ostarien en retardant l'âge de départ à la retraite, accentuant le chômage des jeunes qui ont de moins en moins d'emplois à disposition.
Le système des baisses d'impôt en faveur des plus riches a également été un joli cadeau, bien emballé sous le nom générique de baisse d'impôt, faisant miroiter aux classes populaires qu'elles aussi bénéficieraient d'une augmentation de leur niveau de vie. En fait, ce sont les gros propriétaires et les sociétés les plus importantes qui ont bénéficié de ces baisses d'impôt. Les transnationales pour qui Ostaria n'est qu'un terrain de jeu en sont ravies, elles peuvent encore plus assécher l'économie ostarienne en exportant nos capitaux avec une taxation moins importante. Les millionnaires étrangers pour qui Ostaria n'est qu'un terrain pour maisons secondaires en sont ravis également, puisqu'ils peuvent posséder plus de richesses Ostariennes, au détriment de nos compatriotes, et accaparer au pays ses fiertés.
Dans le même état d'esprit, la privatisation bancaire a fait énormément de mal à notre pays qui n'est plus maître de son destin, laissé entre les mains des puissances de l'argent et notamment de puissances capitalistes étrangères. Des grandes fortunes, des fonds de pension, notamment fédéré, maîtrisent aujourd'hui, en partie, le secteur bancaire et donc les investissements réalisés par l'épargne de nos concitoyens, sans aucun contrôle, ni garantie. Pour peu qu'un quelconque millionnaire étranger veuille investir l'argent de nos concitoyens dans quelque combine incertaine, alors nos compatriotes verront leur épargne disparaître sans que nous ne puissions rien y faire. Je ne suis pas favorable du tout à la privatisation et surtout à celle-ci qui a été faite sans garantie pour l'épargne des ostariens, sans garantie pour les intérêts nationaux, sans garantie pour les investissements de notre épargne qui peut désormais s'exporter loin de notre Patrie.
Troisièmement, il y a eu une volonté d'affaiblir la République et ses territoires. Le code des communautés de communes a fait du mal à notre nation, en déshabillant les campagnes qui sont perdantes dans ses contrats de communauté de communes. Les plus petites communes voient leurs fonds partir financer les plus grandes qui deviennent des pôles attractifs qui assèchent encore plus le monde rural qui aurait pourtant tant besoin qu'on lui vienne en aide.
Le second volet de la dégradation de la nation fut notre attachement à la Fédération-Unie, que j'estime être une soumission d'Ostaria à la puissance capitaliste et impérialiste qui n'a eu de cesse de déployer ses tentacules poisseuses sur les pays du monde. C'est une rupture de la politique étrangère de la tradition républicaine qui nous plaçait en puissance non-alignée, indépendante et pacifique. Nous avons acté un premier alignement sur l'Union Phoécienne, un alignement qui nous dessert, mais cette soumission au militarisme fédéré, nous dessert plus encore. Je ne plaide ni l'alignement sur Novgrad, ni le double alignement Fédération Unie-Novgrad, je plaide pour une politique étrangère indépendante, des accords de paix, culturels, scientifiques, scolaires, universitaires, solidaires, etc. Les accords militaires doivent être réalisés avec des puissances équivalentes, sans domination, sans hégémonie, sans soumission.
Enfin, l'an dernier, le gouvernement a eu deux adresses envers la gauche. Enfin ! Une forme réduite d'actionnariat salarié et un renforcement du droit à l'IVG. Un renforcement c'est beaucoup dire. Si on compare à l'ère Chastain, les nouvelles dispositions relatives à l'IVG sont moyenâgeuses. Quant à l'actionnariat salarié, il ne compense pas les baisses de salaire depuis l'ère Chastain et ne fait que remplacer une part de salaires par des dividendes pour rendre ces dernières plus acceptables, quand bien même les salariés y perdent. D'une part, parce que ça ne règle pas le problème des rentiers qui vivent sans travailler. D'autre part, parce que les salariés ne cotisent pas avec des dividendes, et c'est la protection sociale qui va finir endettée. Alors on rognera sur les retraites, le remboursement des soins de santé ou les revenus sociaux. De mauvais présages.
En conclusion, le bilan des législations passées sous le mandat de la Présidente Leclerc, avec la participation active de ses partisans, est négatif. Très négatif. Les avancées se comptent sur le doigt d'une main amputée de trois doigts et les régressions sont innombrables. J'entends que Madame Leclerc n'est pas responsable de ces désastres, mais sa famille politique l'est et elle y a été favorable du début à la fin.
NL : Si vous êtes élu, quels seront vos projets majeurs ?
AB : Constituer un gouvernement sera mon principal projet. Je n'ai pas la prétention d'avoir une présidence qui outrepasserai ses prérogatives. Si je devais avoir affaire à un gouvernement de cohabitation, j'élaborerai un plan pour l'armée et les affaires étrangères, fondé sur la coopération avec les nations militaires de force équivalente, la modernisation de nos armements et la protection sociale de nos agents des services militaires et étrangers. Du reste, je laisserai mon Premier ministre ou ma Première ministre, libre de me présenter une feuille de route convenable pour les sept ans à venir. Je peux cependant vous faire part des détails qui attireront mon attention et qui seront, à mes yeux, essentiels à l'approbation d'une nomination d'un Premier Ministre.
D'abord, j'accorderai toute son importance à la question sociale et à la volonté des candidats à la primature de résoudre les grands problèmes d'inégalité, d'injustice sociale, d'exclusion nationale en Ostaria. Ensuite, je souhaite vivement que me soit présenté un plan de lutte active contre la pauvreté, le chômage et en faveur de la formation des jeunes. Ce plan devra comporter plusieurs volets sur la construction de logements sociaux, la lutte contre l'inflation des prix en agissant contre l'inflation des bénéfices ou encore une mission pour la réinsertion professionnelle des privés d'emploi. La troisième thématique qui me tient à cœur est évidemment la question nationale. Je ne pourrais accorder la nomination à quiconque n'a pas la volonté sincère et la compétence nécessaire pour défendre la patrie et ses intérêts. Cela passera nécessairement par un plan de lutte contre l'évasion fiscale, contre la mainmise de puissances financières étrangères sur les capitaux nationaux, par une politique de développement national et de garantie que l'investissement produit par les richesses de nos compatriotes serve la croissance de l'appareil productif et les conditions de vie de nos compatriotes.
Afin que ce programme soit appliqué, je veillerai particulièrement à l'ordre du jour des Conseils des Ministres. J'imposerai les grandes orientations que je vous ai donné à l'ordre du jour pour pousser le gouvernement à l'action et je peux vous garantir que même en cas de cohabitation, aucun projet de récession sociale, aucun projet portant atteinte aux droits humains, à la dignité des ostariens, des ostariennes ou des étrangers ne sera mis à l'ordre du jour. J'y veillerai et je ferai obstruction à tout projet contraire à la dignité humaine.
NL : Comment Ostaria doit-elle conduire la guerre en Oxanna, et à quoi devra ressembler l'après-guerre ?
Elle doit continuer ses efforts salvateurs pour les Oxannes et pour les peuples alentours, le premier attaqué et avec qui je suis plus que tout solidaire, c'est le peuple de Graznavia. Contre la théocratie totalitaire d'Oxanna, il faut continuer la guerre et vaincre l'ennemi. Au nom du peuple Oxanne, nous n'avons pas d'autres devoirs. Quant à l'après-guerre, je souhaite qu'Ostaria et tous ses alliés mettent en place un plan ambitieux de reconstruction qui en concertation avec les acteurs démocratiques d'Oxanna et je sais qu'il y en a. Il ne faut pas, comme ça a pu être le cas au Dawwfiq, qu'Oxanna soit le terrain de la Fédération-Unie pour installer une sorte de colonie économiquement dépendante de ce pays impérialiste. Je souhaite porter la voix de la paix et de l'indépendance pour Oxanna. Je fais confiance aux acteurs démocratiques pour savoir comment reconstruire le pays et combattre la mafia cléricale qui a causé tant de malheurs. Nous devons leur apporter l'aide dont ils ont besoin et qu'ils requièrent, non leur imposer d'être des débouchés économiques.
J'y ferai particulièrement attention. On ne gagne pas la paix par la soumission d'un peuple, que ce soit par son État national, un État étranger ou les puissances de l'argent. L'obscurantisme si meurtrier se nourrit de la domination internationale et de l'impérialisme, autant que l'espoir. Mais l'espoir n'est pas une idéologie politique, l'obscurantisme si. Alors tarissons définitivement la source des mafias en Oxanna en offrant l'indépendance au peuple Oxanne sans soumission, sans humiliation. La victoire sera une victoire contre l'État d'Oxanna et en aucun cas une victoire contre le peuple Oxanne.
NL : Dans deux ans, il sera possible de réformer la Constitution. Faut-il en profiter pour réformer les institutions, et, si oui, comment et pourquoi ?
AB : Je ne souhaite pas réformer la Constitution pour l'instant. La Constitution actuelle offre une stabilité certaine à notre pays et un pouvoir parlementaire large. Je suis républicain et parlementariste, je ne souhaite pas modifier la Constitution à l'heure qu'il est. Une Constitution n'est pas une loi normale qu'on peut coudre et découdre à chaque changement de majorité. En tout cas, je ne la considère pas comme ça et j'agirai en conséquent.
NL : Si vous êtes élu, dissoudrez-vous l'Assemblée Nationale, et pourquoi ?
AB : Ce ne sera pas mon premier geste. J'appellerai toutes les forces politiques qui me présenteront un projet de gouvernement. Si ces projets me conviennent je nommerai un Premier Ministre qui sera chargé de composer un gouvernement avec la majorité actuelle, s'il parvient à établir un gouvernement capable de mettre en œuvre des politiques, dont il m'aura fait part et que je jugerai suffisante, alors il n'y a aucune raison de dissoudre l'Assemblée Nationale. La forme du gouvernement, de majorité, de cohabitation ou rotatoire ne sera pas ma préoccupation. Si cela s'avérait impossible, en cas d'enlisement de la situation, j'en appellerai aux députés eux-mêmes d'autodissoudre l'Assemblée Nationale, si ce n'est pas acté, je demanderai à la Haute Cour Constitutionnelle de le faire, et si ce n'est pas acté, je la dissoudrai en 201, dès qu'il me sera possible de le faire constitutionnellement.
Présider une République ce n'est pas imposer ses vues sur les décisions démocratiques et détricoter tout ce que son prédécesseur a fait, la dissolution, qui impose un certain moment d'instabilité et de mise à l'arrêt du pays, n'est pas ma volonté. Si elle devenait nécessaire, j'en prendrai la responsabilité de la promulguer. Mais pourvu qu'un Gouvernement qui me propose un plan de progrès social soit en capacité de gouverner, même s'il n'est pas composé de communistes, je ne toucherai pas à l'Assemblée Nationale élue l'an dernier. Je présiderai la République sans sectarisme, ni hégémonisme.
NL : Quelle doit être l'implication d'un président de la République dans le travail du gouvernement ?
AB : Il doit veiller à ce que les intérêts d'Ostaria, indissociable des intérêts des plus faibles, soient respectés et que la dignité humaine s'accorde avec une vue d'avenir ambitieuse et cohérente. Concrètement, je l'ai déjà dit, un Président doit accorder son crédit à un gouvernement compétent par la nomination d'un Premier Ministre, avec une feuille de route pertinente et sérieuse, sans prendre trop de part dans la politique quotidienne, ou dans les choix gouvernementaux. Il doit donner la mesure à l'action gouvernementale grâce aux Conseils des Ministres. Le rôle d'un Président de la République est de surveiller, de contrôler et de sévir s'il le faut, tout en laissant au gouvernement des marges de manœuvres qui ne nuisent ni à son travail, ni à la patrie.
Dans le travail de l'Assemblée Nationale, le rôle d'un Président de la République est de veiller à l'application de loi conformes à la dignité humaine et à ses visées sociales et émancipatrices. C'est à cet effet que je disposerai activement de mon veto et de mon droit de réouverture de débat parlementaire chaque fois que cela s'avérera nécessaire, c'est-à-dire chaque fois que je jugerai une législation défavorable aux intérêts nationaux et aux valeurs profondément humanistes de notre pays.
Enfin, un Président de la République de mon genre, pourra soutenir les volontés gouvernementales si elles sont bien fondées, ou leur faire obstacle si elles sont insuffisantes d'un point de vue moral, éthique, humain et pragmatique, par les voies référendaires. Je ne m'interdis pas de consulter mes compatriotes là où j'aurai des incertitudes, là où je jugerai que le gouvernement manque de vigueur voire là où je le désapprouve. Un Président doit être un juge qui recourt à l'avis du peuple dès qu'il y a un débat national important, dès que le gouvernement n'arrive pas à réformer ou dès que ce gouvernement commet des impairs. J'agirai également en bonne intelligence avec le gouvernement et s'il souhaite que je défende une législation qu'il n'arrive pas à faire passer par l'Assemblée Nationale - une législation entendue dans la feuille de route que j'aurai approuvée - je pourrai intercéder en sa faveur auprès de nos concitoyens dans une procédure référendaire.
NL : Si vous êtes élu, quel sera votre premier déplacement officiel à l'étranger, et pourquoi ?
AB : Je n'ai pas encore arrêté mon choix. Ce ne sera ni en Fédération-Unie, ni à Novgrad, ça c'est certain. Avant de voyager à l'étranger, j'irai dans les territoires nationaux qui se sont sentis étrangers à Ostaria. Je pense aux campagnes que les derniers gouvernements ont déshabillé. Je pense aux quartiers où l'État a abandonné les travailleurs précaires et où se développe les techniques de survie violentes, telles que le vol ou le trafic de drogue. Il y a tant de terres d'Ostaria qui se sentent étrangères à la République que je ne me vois pas aller à l'étranger tant que je n'aurais pas apporté à tous nos compatriotes la conscience nationale et le patriotisme, essentiels à la paix sociale d'un pays.
J'inviterai évidemment des dirigeants étrangers sur notre sol national et je communiquerai avec d'autres par voie dématérialisée parce que je ne souhaite pas isoler Ostaria sur la scène internationale, mais je resterai un temps les deux pieds sur notre plancher des vaches et je n'irai récupérer les applaudissements et les fleurs qui accompagnent tout déplacement officiel à l'étranger que lorsque je saurai, en conscience, les mériter.
NL : En somme, pourquoi les Ostariens devraient-ils voter pour vous ?
AB : Je ne veux pas qu'ils votent pour moi, je veux qu'ils votent pour eux. Il y a dans notre pays, ceux que révoltent l'injustice et ceux qui s'en accommodent. Ceux qui portent des armes chargées d'avenir et ceux qui se nourrissent d'un passé fantasmé. Inversement, ceux qui aspirent à garder le pouvoir et ceux qui veulent le rendre au peuple. Chaque Ostarien, chaque ostarienne doit voter en sa conscience pour celui ou celle qu'elle ou il estime être le meilleur pour présider notre République.
Je ne veux pas qu'ils votent pour moi, je veux qu'ils votent pour leurs convictions. S'ils ont la conviction que j'incarne mieux que n'importe quel autre candidat, l'espoir, la justice et que j'ai les qualités d'un Président qui fera tout pour écrire des lendemains heureux alors je serai satisfait de voir leur bulletin dans l'urne. Les élections nationales sont les seuls jours où leur vote vaut autant que celui de leur patron. Les seuls jours où leur opinion vaut quelque chose et celle des actionnaires et patrons étrangers qui les maltraitent, rien. Les seuls jours où leur avis d'unité vaut autant que celui des orateurs prônant la division et la haine. Les seuls jours où les dirigeants qui ont manqué à leur devoir et leur impose des conditions indignes de vie peuvent être remplacés par des élus compétents.
Je ne veux pas qu'ils votent pour moi, je veux qu'ils votent pour le candidat qui incarnera et saura mieux ces réalités.