Débat de l'Entre-deux tours - 220 [TV1]

[Rosalie Dumergue]

Et vous madame Altmann, justement, vous êtes la cheffe de ce gouvernement, Première Ministre d'Ostaria. Si vous êtes élue, vous ne pourrez pas cumuler les deux rôles, alors quel est l'avenir de votre gouvernement actuel ?

[Elsa Altmann]

Effectivement, et contrairement à François Pelichon, je ne désire absolument pas supprimer le rôle du Premier Ministre et le remplacer par un système présidentiel, comme l’ont proposé des soutiens de Mr Klein dans ce second tour. J’aimerai d’abord répondre aux critiques, perpétuelles mais illégitimes, sur les deux majorités que nous aurions constituer sans la confiance d’une majorité absolue de l’Assemblée nationale. En 214, face à l’impossibilité de constituer un gouvernement disposant d’une majorité absolue, les trois partis réunis dans le gouvernement Altmann II ont effectivement obtenu le soutien sans participation de Kosmotaria, un ancien partenaire des Écosocialistes, et du FLC. Durant cette période, quelles lois sont venues menacer la stabilité de notre République ou la sécurité économique et sociale de nos concitoyens, comme le prédisait la droite ? Aucune. Nous avons avancé sur des éléments consensuels durant cette mandature, et l’Alternative elle-même a voté les trois-quarts des projets de lois qui ont émergé de cette majorité que Monsieur Klein nous décrit a posteriori comme injuste et instable.
Depuis 218, je crois que mon adversaire a des difficultés avec les chiffres: grâce au soutien des ecosocialistes, du PRU et de la Maison Commune, notre gouvernement dispose d’une majorité stable et solide, qui s’est exprimée ainsi lors du vote de notre réforme fiscale.
L’Alternative prétend vouloir exclure les extrêmes de l’arc républicain, pourtant c’est elle qui a assumé une ouverture auprès du Parti Populaire. Vous avez envisagé de négocier avec le Parti Populaire plutôt qu’avec la gauche y compris modérée, qui aurait pu être représentée par Juliette Delagins. Néanmoins, vous dites que l’extrême droite n’a pas changé: je ne savais pas que vous aviez besoin de négocier avec le nationalisme pour savoir que sa structure idéologique nébuleuse ne change jamais. C’est la matrice même de cette extrême droite qui n’a pas entièrement rompu avec l’époque outrancière de Pascal Zimmerman et de Louis Schwartzenberger. Enfin, je ne désire pas distribuer les bons et les mauvais points sur un prétendu arc républicain: je connais mes valeurs fondamentales, je les expriment clairement auprès des électeurs, et je sais très bien avec qui je peux ou je ne peux pas coopérer. C’est ainsi que j’agis en politique depuis de nombreuses années, et que je continuerais à agir si je suis élue à la présidence.

Le dispositif gouvernemental ne restera bien sûr pas en l’état si je suis élue. Mais je crois sincèrement que la majorité actuelle, qui réunit la gauche et le centre, porte un projet clair, cohérent et unitaire qui ne résume pas à ma personne. Je connais les qualités immenses de mes ministres et leur compétence certaine, qu’il s’agisse de Claire Laugier, de Juliette Delagins, de Caroline Jouvet, de Sabrina Lambert ou d’Adam Thiers. Je ne me prononcerais pas directement sur le choix de la personne qui me remplacera, car ça sera à la majorité de décider de façon souveraine qui l’unira au sein du gouvernement. Mais ce projet politique de justice sociale, de décentralisation, d’équité territoriale et de cohérence institutionnelle possède à mes yeux un avenir certain. Élue, je prends l’engagement qu’il n’y aura ni dissolution, ni remaniement imposé par la présidence. L’Assemblée décidera de façon souveraine d’accorder sa confiance à une majorité qui, je l’espère, rassemblera les mêmes forces que celles que j’ai l’honneur de conduire. Mais je crois que face aux incantations de l’Alternative, qui propose de sortir des gouvernements majoritaires à la pelle sans jamais en avoir obtenu un seul depuis plus de dix ans, nous devons promettre la stabilité, la sécurité et l’unité nationale à nos concitoyens.

Aujourd’hui, lorsque l’on observe le premier tour de l’élection présidentielle, quelles leçons pouvons nous tirer de notre paysage politique ? Que l’équilibre des forces au sein de l’Assemblée nationale resterait similaire aux élections de 218, mais que la droite serait encore plus soumise aux pressions du succès croissant du Parti Populaire, qui bloque toute option politique viable pour élargir la majorité. Alors, oui, je crois que nous incarnons une majorité de progrès, de justice et de travail, et je suis extrêmement fière de ce que nous avons accompli ces deux dernières années. Et je crois que cette stabilité est essentielle pour notre pays et pour nos concitoyens.

[Arthur Klein]

Madame Altmann, il est assez risible de voir comment vous interprétez mes paroles. C'est d'ailleurs assez remarquable vos qualités de croire des choses qui ne sont ni exprimées, ni dites. Vous avez décidé d'établir que j'estimais que votre second gouvernement était injuste et instable, mais ce n'est pas le cas. Il est important néanmoins de souligner que ne pas avoir de gouvernement majoritaire reste un danger à toute crise politique.
Vous prétendez avoir maintenant un gouvernement à majorité stable et solide, je tiens seulement à indiquer que vous ne représentez que 116 députés sur les 126 requis pour avoir la majorité absolue. Dès lors, comme en 214, ce n'est que par le concourt de l'extrême gauche et du FLC que vous êtes parvenu à avoir 137 soutiens. Permettez-moi donc de douter à mon tour de vos capacités à faire de simple calcul.
Je tiens à signaler qu'aucune négociation n'a pu être possible avec le centre gauche, malgré le souhait initial, à cause de l'Union des Gauches qui, se refusait de toute alliance avec une droite républicaine, pourtant première force législative de notre pays.

[Elsa Altmann]

Monsieur Klein, l’Union des gauches était a l’issue des élections et jusqu’à la recomposition du PRU la première force politique de l’Assemblee avec 63 sièges. Je rajouterais également que la droite n’a jamais voulu négocier avec l’Union des gauches: ce sont les députés de l’ex-UDSR qui ont fait tomber les deux gouvernements de droite et de centre droit, un parti qui n’a jamais été affilié à l’Union des Gauches. Enfin… les ostariens et les ostariennes ne veulent pas élire un comptable, mais un président de la République. En six ans, je n’ai été responsable d’aucune motion de censure, j’ai toujours obtenu la confiance de l’Assemblée, et je n’ai perdu aucun vote sur un projet de loi. En huit jours, la droite a vu deux gouvernements rejeté. Je crois que le camp de l’instabilité et des majorités avortées, Me Klein, c’est le votre…

[Rosalie Dumergue]

Bien sił vous plait, continuons sur les autres sujets. ... Klein lui coupe la parole.
Bon alors juste deux mots monsieur Klein pour conclure sur ce sujet.

[Arthur Klein]

Je vous remercie et je m'excuse de vous couper la parole Madame Dumergue, mais Madame Altmann, je crois que toutes les discussions ne sont pas parvenues à votre connaissance. Une coalition avec l'ex-URS avait été envisagée, mais la mainmise que vous aviez sur l'UdG a contraint Juliette Delagins a refusé notre proposition : la peur de perdre de l'électorat sans doute. Je suis ravi aujourd'hui de voir qu'elle est parvenue à obtenir son indépendance à votre égard.
Enfin, certes, les Ostariens et les Ostariennes sont appelés à élire un Président de la République, mais de part sa prérogative d'être en mesure d'établir des traités, je ne souhaite pas que nos parlementaires se retrouvent à devoir jouer les économistes ou encore les correcteurs d'une Présidente qui confond des valeurs ou qui additionne mal des valeurs économiques.

[Rosalie Dumergue]

Merci, on arrête ici et on passe a un autre sujet qui est très important, s'il vous plait.

Cette campagne a été marquée par la défaite du président sortant au premier tour et le score de Valentine Miron, candidat du parti Populaire d'extrême droite atteignant plus de 9% mais aussi par un score du Centre gauche qui a été plus qu'attendu signifiant que la gauche se déplacent peut être vers le centre et vous, Elsa Altamnn, se décalant de plus en plus vers la gauche, selon les commentateurs. Que pensez- vous et retenez-vous de cette campagne ?

[Elsa Altmann]

Je ne sais pas vraiment de quels commentateurs vous parlez, étant donné que sous Altmann I, je gouvernait avec la gauche et l’extrême gauche, sous Altmann II avec le centre gauche, et sous Altmann III avec le centre. léger rire Je ne pense pas vraiment me décaler vers la gauche depuis les années, car j’essaie de conserver une ligne politique d’équilibre et de rassemblement, ce qui m’à permis de négocier des coalitions élargies sans revenir sur mes principes fondamentaux. Je ne suis pas le grand gourou de l’ancienne Union des Gauches, pas plus qu’une politicienne exerçant sa mainmise sur ses partenaires et pouvant les empêcher d’agir en toute autonomie, je crois que Mr Klein me confonds avec ses alliés habituels de la droite, en mal d’hommes forts, d’ordre et de stabilité.

Mais je crois surtout que cette campagne fut passionnante et révélatrice du besoin de stabilité et de dépassement des clivages que recherchent nos concitoyens. Réunies, les forces de la coalition Altmann III ont réuni plus de 50% des voix, et ont élargi leur base électorale sans rogner le succès de la gauche à cette présidentielle. Je suis très heureuse de constater la réussite de Juliette Delagins à porter un projet social, plasseliste et républicain qui s’inscrit en complémentarité avec les valeurs que je porte. J’ai toujours assumé mon soutien à la compétition démocratique, et la pluralité de notre majorité constitue aussi sa force dans le projet que nous mettons chaque jour en place pour l’intérêt général de nos concitoyens.

À droite, le champ de ruines est bien plus proche que dans notre majorité. Le président sortant a été éliminé au premier tour de la présidentielle, une situation historique qui en dit long sur la crise institutionnelle et politique qui a été provoquée par l’incapacité de la droite à se remettre en question et à renouveler son logiciel. La droite a d’abord préféré gouverner avec le Parti Populaire avant de constater que celui ci n’avait pas changé, et de se tourner vers le centre gauche: elle porte une immense responsabilité morale dans la légitimation du nationalisme et dans son succès croissant. Madame Miron a su s’imposer comme une interlocutrice incontournable de notre paysage politique, et il est trop facile de dénoncer sa supposée mauvaise foi pour justifier les échecs perpétuels de la droite à gouverner. Si les électeurs et les électrices jugeaient coupable le Parti Populaire, ils n’auraient pas favoriser sa croissance à près de 10% des voix.

Pour ma part, j’ai toujours dit que je combattais l’extrême droite sur le champ des valeurs comme des résultats. En refusant de choisir entre endiguement et rapprochement, l’Alternative et l’ADN ont légitimé la prise en compte des thématiques de l’extrême droite dans le débat politique. Même Arthur Klein promet vaguement de lutter contre l’immigration illégale dans sa profession de foi, espérant capter un vote d’extrême droite dont il a besoin pour que la droite soit majoritaire, sans présenter des pistes concrètes ni assumer ce que cela signifie pour son identité politique. S’intéresser aux effets mais non aux causes, voilà le leitmotiv de l’Alternative pour combattre l’extrême droite comme le chômage, l’immigration illégale comme la crise institutionnelle.


Ce que je retiens de notre campagne, c’est que notre pays n’est pas malade d’instabilité, comme voudraient nous le dire certains. Il est au contraire puissant de sa diversité politique, qui n’empêche pas de dépasser les clivages partisans lorsque l’on est capable d’écouter d’autres projets politiques, d’autres voix, d’autres idées qui viennent compléter vos propres valeurs et vos propres politiques. Je retiens aussi ce que qui permet de rassembler, des principes, un contrat, un horizon, vont au delà des promesses vagues de Mr Klein: c’est une ligne ambitieuse et courage que je désire porter, comme je l’ai fait au sein des différents gouvernements que j’ai eu l’honneur de diriger.

[Rosalie Dumergue]

Et vous Arthur Klein, que pensez vous de cette campagne ? En tirez vous des enseignements ?

[Arthur Klein]

Et bien voyez-vous, j'apporte un regard tout autre sur cette campagne. Contrairement à Madame Altmann, je ne vois pas l'élargissement d'une base électorale de la part d'une coalition gouvernementale à plus de 50%. Personnellement, je vois la victoire d'un centre pluriel. Bien que nos avis divergent selon notre approche, nos préoccupations sont sensiblement les mêmes entre Madame Delagins, Madame Laugier et celles de L'Alternative.
Dès lors, par ce premier tour des élections présidentielles, j'aperçois une victoire des forces du centre qui, cumulées, atteignent 43,95% des voix. Alors certes, les deux forces traditionnelles de la gauche et de la droite représentent 42,55% des voix, mais je pense tout de même que l'avance de 1,40% montre bien de la volonté de mettre fin au clivage gauche-droite.

Attention, que ce soit notre droite ou notre gauche, je ne pense pas que ces élections marquent la fin de leur existance, tout pays et régime a besoin d'une pluralité politique que je défends depuis des années. Cependant, face à vos remarques Madame Altmann sur une normalisation du Parti Populaire qui aurait été mené par la droite, faut-il vous rappeler que c'est à cause de George Édouard que le parti est parvenu à se hisser si haut dans notre pays pendant un temps ? Je sais que je remonte plusieurs années en arrière, mais c'est bien la primature de Monsieur Édouard qui a permis au Parti Populaire de se hisser au second tour de l'élection présidentielle de 207.
Dès lors, au-delà de toute normalisation dont vous accusez la droite, je vous tiens, vous et votre parti les Écosocialistes comme les uniques responsables de la montée de l'extrême-droite dans notre pays. Rappelez-vous une simple chose : la montée des extrêmes se réflète que dans la volonté des électeurs pour alerter d'une préoccupation si importante que cela les oblige à choisir l'extrême pour faire entendre leur voix. Cette responsabilité, c'est avant tout une responsabilité du gouvernant. Or, depuis maintenant 207, chaque élection durant laquelle la gauche a été au pouvoir à mener une hausse de la présence de l'extrême droite dans notre pays ! Cela a été le cas en 207, en 210, en 218 et maintenant en 220. Il n'y a qu'en 214, lors des élections générales après le gouvernement Besnard-Cordonnier, que l'extrême droite a perdu des sièges.
Alors Madame Altmann, vous avez été, à deux reprises, responsables de la montée de l'extrême droite de notre pays !
Pour finir de vous répondre, Madame Altmann, sur la lutte contre l'immigration illégale, L'Alternative s'est engagé dessus depuis 218, pour protéger notre pays depuis la mise en place de lois d'assistanat des étrangers.

Maintenant, pour répondre à votre question très pertinente Madame Dumergue, je vous dirai que ce premier tour a permis aux électeurs de nous donner un signal d'alerte : ils veulent du changement. Ils ne veulent plus d'une force à gauche ou d'une force à droite unique. L'exemple qui me vient est celui des générales. Depuis l'instauration de la proportionnelle, la coalition gouvernementale est obligatoire. Par un vote aussi pluriel, l'expression populaire nous montre qu'il demande que les forces politiques dialoguent, échangent et négocient. Si le centre, faction politique que je considère unie, arrive en additionnant le score du PRU, de MC et de LA arrivent à 43,95%, c'est bien parce que les électeurs croient en nous et croient à nos capacités de rassemblement.