dim. 17 mai 2020 21:31
Julien Chastain : Mes chers compatriotes,
Plus que jamais, notre modèle constitutionnel se montre incapable de surmonter les difficultés que l'expression de la volonté nationale oblige pourtant à dépasser. Notre pays, s'il a été un jour guidé par l'intérêt capitaliste, c'est à dire de ceux qui voulaient perpétuer un modèle de société dans lequel étaient privilégiés ceux qui possédaient aux dépens de ceux qui travaillaient, aujourd'hui il n'en est plus ainsi et la volonté générale s'est ralliée majoritairement à la volonté objective des travailleurs. Désormais, on veut une société plus saine, où le travail ne produit que ce que la consommation exige, où le temps consacré aux loisirs est étendu, où le temps d'enseignement des élèves, ne correspond plus à une nécessité de les former le plus vite possible aux compétences requises pour leur exploitation au travail. Vous n'ignorez pas, chers compatriotes quel combat doit être mené et avec quelle ardeur celui-ci doit être mené. Il s'agit d'un dépassement tel que nous n'en avons jamais connu, jamais une république ostarienne n'avait eu à mener une telle avancée dans son Histoire, dans l'histoire de son pays, de son peuple et de ses valeurs.
Aussi, pour parvenir à répondre correctement aux aspirations vives d'un peuple tout entier, il faut s'en donner les moyens, or la constitution actuelle ne permet pas de pareille possibilité. Il m'est donc apparu que seul un changement constitutionnel profond couplé à une politique exécutive et législative exceptionnelle, rapide, directe mais sous contrôle démocratique ; que seul un changement de la sorte pourrait sortir notre pays d'une situation dont plus personne ne veut. Cette situation profondément inégalitaire, profondément instable, soumise aux aléas du profit, soumise aux bons vouloirs des actionnaires n'est plus enviable et une avancée douce, consensuelle et dans la continuité de cette constitution inadaptée ne pourrait permettre le changement dont notre pays a besoin.
Mes motivations expliquées, je peux maintenant vous parler de la méthode que j'ai choisie de soumettre à la décision populaire pour ce changement radical de monde. Il me semblait impensable de mettre en oeuvre une politique monopolisée par des instances représentatives, une transition ne peut correctement s'accomplir sous le mandat de personnes élues à un instant T et qui dès le lendemain ne représentent plus qu'elles-mêmes. Quand on a pour objectif de changer totalement de société, le temps file tant que seule la démocratie pleine et antique me semble pouvoir permettre de représenter sur le long terme la défense la moins perfectible qui soit des intérêts de la nation. Voilà la raison pour laquelle je vous propose de tirer au sort des conseillers qui formeront une Assemblée Populaire garante des décisions prises par un pouvoir provisoire dans une période de transition.
Pour ce qui est de la politique qui sera menée durant cette période, je préviens tout de suite que le pouvoir collégial, je serais entouré de conseillers pour mettre à bien des mesures exceptionnelles qui devront assurer la transition vers le socialisme. Dans l'économie, il s'agira de ne plus laisser le profit comme régulateur de l'économie et mettre en place une planification concurrentielle. L'écueil de la planification serait d'abolir la concurrence. Sans concurrence, la qualité pourrait se détériorer. Je suis donc partisan d'une planification qualitative qui grâce aux marchés ne se dégrade, sans pour autant obéir à la seule loi du marché, ce doit être une concurrence secondaire dans l'action collective. Cela faisant, force sera de constater que nous travaillons trop et mal, aussi, le temps de travail sera immédiatement réduit et réadapté, un plan de restructuration de la nature viendra mettre en place une agroforesterie massive et nous programmerons la rotation quadriennale des terres. Il y aura un effort massif à donner et notre lutte pour l'égalité, pour l'humanité, pour une société d'aisance générale nous obligera à quelques sacrifices. D'une part, les importations seront réduites et la consommation générale jugulée. Force importations d'inutilité publique seront cessées, sans s'attaquer nullement à la culture. Je vise en particulier les objets de surconsommation que nous abandonnerons purement et simplement.
Je mettrais en place la démocratisation et la citoyennisation de l'ensemble de la société, plus aucun cadre ne sera exempt de civisme et de démocratie, ni les entreprises, ni les familles pour lesquelles j'apporterais une grande importance afin de faire cesser la reproduction de la violence en leur sein. La première usine à violence est la cellule familiale que par conservatisme, nous avons refusé de questionner. Il ne s'agit pas de détruire la cellule familiale mais de l'assainir en accompagnant psychologiquement les personnes sujettes à des troubles comportementaux violents afin d'éviter que ceux-ci ne soient répétés de générations en générations. Nous viserons donc à l'intérêt général et à l'intérêt particulier. De grandes campagnes seront menées pour qu'Ostaria se défasse de tous les boulets qu'elle possède et de tous les détails qui l'empêche de devenir une grande nation socialiste. Mais rassurez-vous, cette transition sera démocratique et l'aboutissement le sera également. La Constitution sur laquelle je prévois de travailler devra nécessairement être trempée de démocratie jusqu'à en suinter sur les nations avoisinantes.
En développant un nouvel modèle que la Phoécie ignore, nous mettrons en oeuvre des mécanismes dont l'existence leur paraît impossible. C'est cependant de manière très réaliste, très matérialiste, très pragmatique que nous réaliserons l'impossible et les peuples alentours en seront impactés. Qu'une transition socialiste se déroule dans une république capitaliste de manière démocratique, par l'avant-garde populaire et non des avant-gardistes, sera une première dans l'histoire de l'Humanité. et il y a de quoi s'en enorgueillir. Plus qu'à tout autre moment de notre histoire, nous marquerons de notre superbe le monde tout entier. Et réaliserons un pas significatif dans le développement humain, plus qu'aucune nation avant nous, nous ouvrirons un chemin qui sera suivi, j'en suis certain par force peuples et force pays dont la volonté que nul ne peut taire est de progresser dans notre aventure humaine en mettant en oeuvre des solutions d'humanité, des solutions d'avenir et le chemin que nous pavons, verra converger tous les régimes de pareille nature et l'on sait s'il s'en trouve sur notre planète.
Je vous propose de faire un pas, vers l'inconnu certes, mais vers un inconnu méthodiquement planifié, dans lequel nul enthousiasme foutraque, nul idéaliste chaotique ne sera appliqué, seule la réalité sera la boussole de ces rades inconnues que nous aborderons ensemble et je demeure responsable de l'abordage que j'aurais à vous offrir. Par ailleurs, mes chers compatriotes, j'entends les craintes qui s'élèvent déjà, de gens qui ont peur de voir le monde basculer. Mais ce n'est pas un basculement, c'est un changement comme il y en a toujours eu. Si nous devenions esclaves de la finance, si nous subissions les aléas climatiques, si nous devenions aliénés aux conditions dégradées de nos sols, de notre agriculture, de notre économie et que nous devions nous plier aux diktats d'étrangères forces qui nous sont antagonistes, alors notre monde basculerait ; de la liberté à la servitude. Mais le projet qui vous est soumis, n'est pas un basculement, nous resterons ensemble libres et nous prendrons en main notre destinée pour que l'avenir ne puisse jamais nous réserver un sort pareil à celui que je vous ai décrit en parlant du basculement social. Si nous ne voulons pas être serviles à des impératifs dictés par notre irresponsabilité, par notre soif intarissable de profits, par notre manque de lucidité et de conscience, alors, je vous le dis chers compatriotes, il nous faut converger ensemble vers un changement social profond, dont nous serons les acteurs et les uniques maîtres.
Continuer sur ce chemin que nous avons emprunté depuis bien longtemps en croyant que sur ces seules pierres, nos pieds peuvent décider de la route, voilà ce qu'est la route de la servitude ; ce chemin n'est pas le bon, les contradictions qui le gangrènent, en altèrent la rectitude, en corrompt la planéité, nous devons en changer, ou nous y serons contraints dans une direction imposée, par des impératifs indifférables et un temps limité. Aujourd'hui que nous voyons les difficultés de suivre notre petit bonhomme de chemin, aujourd'hui que la lucidité nous éclaire l'avenir, il faut que nous changeons le pas, de la manière qui nous convient le mieux, dans une temporalité contrôlée, maîtrisée et adaptée, modifiable et malléable.Tant que nous avons encore le choix, nous sommes libres. Je vous exhorte de ne pas laisser tarir ce courant d'eau fraîche, qui couplé à l'amour, suffirait à faire vivre notre pays, sans la liberté, il n'est guère d'Ostaria.
Chers compatriotes, je vous remercie,
Vive la République ! Vive Ostaria !